Le caractère cinématographique de la perception (1- Perception et intelligence)

Perception et Intelligence

Le problème de la détermination de la perception chez Bergson participe doublement et de part en part du problème du cinéma. Selon Deleuze, on trouverait chez lui deux conceptions contradictoires du cinéma : description d’un monde cinématographique dans Matière et Mémoire. Critique du mécanisme cinématographique dans L’Évolution créatrice. Il faut distinguer le monde en soi cinématographique des images-mouvement et des images-souvenirs de la reproduction cinématographique (Deleuze dirait stroboscopique) du mouvement par l’intelligence.

C’est que dans EC, le cinéma apparaît à l’occasion de la critique des mécanismes intelligents de la perception, inadéquats pour saisir la vie comme élan, alors que MM évoque le cinéma à travers la caractérisation du monde perceptif des images, qui sont elles-mêmes moins que des choses mais plus que des représentations. Le problème de la perception accompagne  ici celui de la mémoire et du monde en tant qu’univers matériel. Dans EC, il sera lié à la genèse de l’intelligence et au monde en tant que monde de la vie. C’est à cette seconde problématique que nous nous intéresserons dans cet article pour prendre mesure à rebours (dans un prochain post) du recul dont Bergson aura fait preuve par rapport à sa première théorie.

1. La perception du mouvement et du changement

La perception commune de la mobilité se règle sur l’intelligence qui détermine le mouvement par ses coordonnées spatiales et le changement par les différents états que traverserait un support ontique : la chose qui change, le mobile. La compréhension traditionnelle du mouvement à partir de séries de positions actuelles trouve son expression la plus pure dans les paradoxes de Zénon d’Élée, élève de Parménide. Ces paradoxes ne sont possibles que dans la mesure où il y a confusion entre mouvement et trajet et où il y a division arbitraire du mouvement : on le découpe « sans tenir compte de ses articulations »[1].

Cette conception spatialisante est au fondement de la tradition occidentale qui a commencé par couper l’être du devenir avec la séparation (khôrismos) entre monde sensible et monde intelligible. Zénon est ainsi aux yeux de Bergson celui qui donne le coup d’envoi de la métaphysique. Mais cette conception éléate provient elle-même d’une tendance naturelle de l’intelligence à se désintéresser de la mobilité pour fixer le mouvement perçu sur un support immobile. Du point de vue de la représentation incisive qui découpe le réel en objets indépendants et en concepts distincts, seules comptent les intervalles qu’on peut glisser sous le trajet du mobile, les positions successives qui permettent de ne retenir du mouvement que la continuité spatiale entre son initiation et son terme : l’absolu est remplacé par du relatif, le point de vue intérieur par lequel l’observateur pouvait sympathiser avec le mobile par un point de vue externe qui trahit une forte dose de ressentiment à l’égard de la réalité sensible et du changement.

Ce qui vaut de notre perception du mouvement local vaut aussi de celle du changement qui est décomposé en états successifs entre lesquels des états plus courts sont insérés pour immobiliser au maximum la mobilité fuyante et rassurer l’intelligence. Dans les deux cas, la représentation d’une série de positions et celle d’une suite d’états impliquent l’idée que le temps lui-même est fait de parties juxtaposées et se réduit à une consécution de maintenant présents, autrement dit de simultanéités superposables dans l’espace et divisibles à volonté. La succession véritable suppose une création, le surgissement du nouveau, alors que la succession dans le temps spatial consiste dans le réarrangement du préexistant. D’où la différence entre le phénomène d’évolution et celui du déroulement[2] : croissance continue des organismes dont les phases se confondent et ne se détachent pas les unes des autres, et un simulacre d’évolution qui se déroule selon l’avant et l’après, et dont les parties distinctes sont montées ensemble une fois qu’on a pris une série de vues sur l’évolué pour créer l’illusion de la continuité et du mouvement.

Cette forme de succession cinématographique est indépendante de la nature des éléments qui se succèdent et peut par suite être considérée comme une espèce de la simultanéité, puisque tout ce qui survient était déjà entièrement co-présent dans la bobine : ce qui succède est ainsi perçu comme une quantité négative dans la mesure où le déroulement n’ajoute rien à ce qui était déjà présent mais ne fait que soustraire les éléments d’un tout fermé et originellement enroulé sur lui-même. C’est pourquoi, quelque soit la vitesse de déroulement d’une bobine, son contenu ne s’en trouvera pas modifié : les mêmes images pourront être projetées et se succéder à un rythme plus ou moins rapide. Pour une conscience autrement contractée que la nôtre, ce serait exactement le même film et par suite notre perception ne ferait que traduire un déficit qu’un kosmothéoros qui aurait le pouvoir suprême de connaître tous les états passés et futurs du monde en même temps, pourrait combler sans peine. La succession de ce point de vue se donne comme une « coexistence manquée[3] » et la durée comme une « privation d’éternité[4] ».

2. Les trois types de devenirs et leurs suspensions

Au changement en général, il faut opposer la spécificité du changement. Bergson distingue trois types de perceptions du mouvement[5] :

1. Celle du mouvement qualitatif (par exemple, le passage du jaune au vert, etc.) ;

2. Celle du mouvement évolutif (qui concerne la croissance d’un vivant, le mouvement de la fleur au fruit, de l’enfance à la vieillesse, etc.)  ;

3. Celle du mouvement extensif (la course de la flèche, boire, manger, se battre, etc.) qui comprend le mouvement simple d’un mobile inerte et le mouvement complexe d’un être vivant.

Notre perception de ces trois espèces de changements qualitatif (altération), évolutif (accroissement/dépérissement) et extensif (translation) obéit à un mécanisme cinématographique au sens où elle consiste à les ranger ensembles et à les réduire en un mouvement unique et impersonnel, sans égard pour leurs particularités respectives, à la façon d’un film dans lequel tous les mouvements sont devenus d’une même nature :

 « Sur la continuité d’un certain devenir j’ai pris une série de vues que j’ai reliées entre elles par le ‘’devenir’’ en général[6]. »

 Bergson souligne la nécessité naturelle et comme renforcée par l’habitude, qui n’est rien d’autre, rappelons-le que la présence de la nature en nous, puisqu’elle facilite notre activité d’insertion dans la matière aux dépens de notre faculté de créer et d’inventer (laquelle implique la reprise « contre-nature » de l’élan vital) de cette méthode introduite en philosophie par Platon et qui sert de base fondamentale à l’exercice du langage et au fonctionnement de la perception. « Nous naissons tous platoniciens[7]. » Platon n’a fait qu’importer en philosophie ce qu’il trouvait naturellement dans la perception et dans le langage :

 « Les Grecs avaient confiance dans la nature, confiance dans l’esprit laissé à son inclination naturelle, confiance dans le langage surtout, en tant qu’il extériorise la pensée naturellement[8]. »

 L’application du mécanisme cinématographique sur le changement qui conduit à privilégier les vues stables sur les différentes mobilités permet d’obtenir :

1. les qualités définissables de la matière dont on extrait celles qui frappent notre sensibilité, et à partir desquelles on peut découper des corps ;

2. les formes idéales des corps dont on tire une essence invariable après avoir retenu les étapes remarquables de leur développement;

3. et enfin le dessin immobile qui sous-tend les actions en voie d’accomplissement de ces corps. Du mouvement simple, on définit les positions locales ; du mouvement complexe, on retient sa fin : « le résultat obtenu ou l’intention qui préside[9] ».

Pour constituer les états du mouvement extensifs, nous avons déjà délimité des corps, mais pour délimiter des corps dans l’étendue nous avons déjà extrait des qualités frappantes de la continuité matérielle. Comme si le passage d’un type de représentation à l’autre correspondait à une intellectualisation croissante de la perception qui va jusqu’à donner l’idée générale de devenir. Qualités, formes et actes désignent ce dans quoi se résout chaque forme de changement avant d’être rapportée à la forme du changement en général – devenir impersonnel.

–       L’instabilité de la matière est résolue dans la fixation des qualités,

–       la continuité fluide du réel dans la discontinuité des formes,

–       le mouvement qui se fait dans la représentation d’un acte tout fait.

Or, il n’y a pas que la perception et l’intelligence qui expliquent ce processus de négation du changement. Le langage offre la qualité toute prête à être attribuée (adjectif), la forme toute faite pour recevoir un nom (substantif), et l’action intentionnée par avance ou déjà terminée (verbe) : les trois catégories de la grammaire (adjectifs, noms et verbes) renforcent ainsi les deux opérations psychologiques que notre intelligence et notre perception accomplissent pour avoir du réel mouvant une vue stable et déterminée.

On voit comment la grammaire de la représentation au fondement de la métaphysique occidentale, repose sur le caractère naturellement cinématographique de notre perception relativement au changement.

Il apparaît que la qualité est obtenue par une suspension du devenir matériel, la forme par celle du devenir vital, et l’acte par celle du devenir extensif comme autant d’abstractions temporelles[10]. La qualité n’est qu’un moment du devenir ; la forme n’est qu’un moment de l’évolution ; quant à l’acte, il est représenté par le moment de sa fin. Point de vue de l’identité, de la généralité et de la communauté. Or, dans le domaine du vivant, il n’y a pas d’identités, mais il y a des ressemblances qui permettent de classer genres et espèces selon la similitude des formes perçues[11] ; dans celui des qualités, il y a une multiplicité de nuances simples et singulières qui précèdent les englobements ou les compositions[12]. Dans le domaine de l’acte, il y a le se faisant avant le tout-fait.

Les paradoxes de Zénon proviennent d’une interprétation du mouvement extensif où la lancée de la flèche et le bond d’Achille sont identifiés avec la représentation de la ligne parcourue. Pour le devenir qualitatif, les trillions d’oscillations rythmant la matière d’une pluralité de changements élémentaires sont condensés et figés par la sensation en une qualité unique, qui nous en donne l’aspect stabilisé (cf. chapitre IV de Matière et Mémoire, notre mémoire intervient pour contracter les qualités sensibles de la matière données à la perception[13]) Puis, nous passons par trois représentations successives : corps, formes, essence. D’abord, notre perception isole des corps dans la continuité mouvante du devenir matériel, À partir de là nous retenons différentes formes marquant des étapes de croissance (au mépris des transitions qui font passer l’individu de l’enfance à l’âge mûr) qu’on détermine comme des arrêts réels dans le mouvement de l’évolution : l’embryon devient enfant, l’enfant devient homme, l’homme devient vieillard.  Nous ne percevons jamais le mouvement vivant qui porte une forme dans l’autre[14].

Au lieu de percevoir le vivant dans sa singulière métamorphose, au lieu de voir, n’en déplaise à Aristote[15], que c’est le devenir lui-même qui est le véritable sujet du changement des formes, nous érigeons une forme moyenne en caractéristique fondamentale que nous appelons « essence », à laquelle vont ensuite survenir des accidents du dehors. L’essence est censée résumer l’ensemble du processus évolutif dans un genre stable et substantiel et qui donne son nom à l’espèce considérée.

3. La perception des ressemblances à la base de la production des idées générales – La pensée et le mouvant

Pour comprendre comment nous généralisons, il faut justement revenir sur la manière dont procède la production intellectuelle des idées à partir des formes et des qualités perçues dans les choses. Dans la deuxième introduction au recueil de La Pensée et le Mouvant, Bergson fonde notre besoin instinctif de fabriquer des genres[16] non pas à partir des états et des choses, mais à partir de « la propriété, commune à ces états ou à ces choses, d’obtenir de notre corps la même réaction, de lui faire esquisser la même attitude et commencer les mêmes mouvements[17]. » C’est donc le caractère sensori-moteur de notre perception en tant que nous sommes une espèce animale qui explique l’origine des idées générales. Et d’abord notre perception des ressemblances. Trois espèces de la ressemblance nous permettent d’identifier des choses par des idées générales, sont distinguées par Bergson – on remarquera que les deux premiers groupes correspondent à la classification des mouvements selon la qualité et l’évolution, seulement l’ordre de présentation est inversé :

1. Les ressemblances proprement dites se trouvent dans l’ordre vital[18]. Quoiqu’elles soient d’essence biologique, elles relèvent de l’art : l’évolutionniste qui classe sous une même famille des espèces qu’à l’œil nu nous n’aurions jamais pensé rapprocher les unes des autres possède la main et l’œil de l’artiste.

2. Les identités géométriques déterminables dans la matière inerte peuvent avoir lieu entre diverses qualités, entre des éléments de combinaisons, ou entre des forces. C’est la répétition de l’identique qui permet ici de définir les genres et d’appliquer des mesures. Les identités font l’objet d’une sélection dans une échelle de grandeur conforme aux nécessités de l’action, par où a lieu la « condensation dans un instant de notre durée, de milliers de millions, de trillions d’événements s’accomplissant dans la durée énormément moins tendue des choses[19]. » D’où la différence de tension entre le déterminisme physique et la liberté humaine. Ma perception et mon action sont faites pour un ordre de grandeur correspondant aux objets, sans quoi il y aurait dissolution de toute action et dilatation de la perception, une « histoire interminable[20] » se substituant à la présence en chair et en os de la table. Dans la perception, une immensité mouvante devient quelque chose de simple, une figure géométrique solide.

3. Si les deux premières espèces de la ressemblance possèdent une objectivité, la dernière comprend les idées générales fabriquées. Ce sont les outils de l’intelligence, relatifs aux intérêts de la société et de l’individu, et qui répondent à des exigences dialectiques (la conversation) et pratiques (l’action). À partir de là, la puissance de fabriquer des idées générales devient illimitée :

 « Toute notre civilisation repose ainsi sur un certain nombre d’idées générales dont nous connaissons adéquatement le contenu, puisque nous l’avons fait, et dont la valeur est éminente, puisque nous ne pourrions pas vivre sans elles. La croyance à la réalité absolue des Idées en général, peut-être même à leur divinité, vient en partie de là[21]. »

 L’erreur ne vient pas de ce que le physicien et le biologiste recueillent dans le langage, sous les points de vue de l’intellect et de la perception, les catégories leur permettant d’obtenir une représentation approximative de leur objet, mais lorsque ces points de vue relatifs sont confondus par le métaphysicien avec les choses elles-mêmes. C’est ce qui est arrivé à Platon et à Aristote qui ont ouvert une brèche dans laquelle s’est engouffré la métaphysique occidentale dans son ensemble.


[1] PM, p. 1379/ 160.

[2] PM, p. 1261-1262/ pp. 11-13.

[3] PM, p. 1260/ 10.

[4] Ibid.

[5] Aristote, Physique V, 2, 225 a 9 : c’est la contrariété des termes génération et destruction qui ne rentre pas dans le cadre d’une opposition entre mouvement et repos. (Cette classification correspond à celle donnée par Aristote en Physique V, 2, 225 a 1 et 2. Après avoir établi l’idée de changement en général, Aristote énumère quatre espèces dont il ne retient que trois possibilités, selon la qualité, la quantité, et le lieu, en excluant de la liste la génération/destruction. Les seuls changements possibles sont ainsi : l’altération, l’accroissement et le dépérissement et la translation. Cf. Aristote, Physique V, 3, 225 b 11-13.

[6] EC, p. 754/ 306.

[7] EC, p. 536/ 49.

[8] EC, p. 760/ 313. Ainsi, Aristote voit une preuve de sa définition du changement selon le passage d’un état antérieur à un état postérieur dans le mot même de métabole. Aristote, Physique V, 2, 225 a 1 : « le nom lui-même rend visible le fait qu’une chose a lieu après une autre » (nous traduisons). Il y a donc une certaine nécessité que les Grecs n’auront fait que porter à l’évidence de la théorie : « Les grandes lignes de la doctrine qui s’est développée de Platon à Plotin, en passant par Aristote (et même, dans une certaine mesure, par les stoïciens), n’ont rien d’accidentel, rien de contingent, rien qu’il faille tenir pour une fantaisie de philosophe. Elles dessinent la vision qu’une intelligence systématique se donnera de l’universel devenir quand elle le regardera à travers des vues prises de loin en loin sur son écoulement. De sorte qu’aujourd’hui encore nous philosopherons à la manière des Grecs, nous retrouverons, sans avoir besoin de les connaître, telles et telles de leurs conclusions générales, dans l’exacte mesure où nous nous fierons à l’instinct cinématographique de notre pensée. » (EC, p. 761-762/ 315). Cet instinct qui fonde « la métaphysique naturelle » de l’esprit humain repose sur la croyance en une « Science intégrale, posée tout d’un coup, et que l’intelligence consciente, discursive, est condamnée à reconstruire avec peine, pièce à pièce. » (EC, p. 767/ 321-322).

[9] EC, p. 751/ 302.

[10] EC, p. 761/ 313. Ainsi s’explique le triple sens de l’eidos, l’Idée, dont la traduction par « moment» relève selon J-F. Marquet d’une « audace quasi-heideggérienne » J-F Marquet, « Durée bergsonienne et temporalité », op. cit., p. 91.

[11] Dès le premier chapitre (EC, p. 513-514/ 23-24) pour appuyer les thèses transformistes qui étudient les variations des espèces au cours du temps, Bergson évoque la classification naturelle des organismes vivants sur la base des ressemblances.

[12] Cf. le passage qui traite du mouvement rétrograde du vrai dans La pensée et le mouvant, « Introduction (première partie) », p. 1267/ 18 : c’est parce que nous connaissons le rouge et le jaune que nous disons de l’orangé qu’il est un composé qui les contient et les englobe tous deux. Notre logique de rétrospection «  n’admet pas qu’un état simple puisse, en restant ce qu’il est, devenir un état composé, uniquement parce que l’évolution aura créé des points de vue nouveaux d’où l’envisager et, par là même, des éléments multiples en lesquels l’analyser idéalement (…). Dans une forme ou dans une qualité nouvelles elle ne voit qu’un réarrangement de l’ancien, rien d’absolument nouveau. Tout multiplicité se résout pour elle en un nombre défini d’unités. »

[13] Bergson écrit : « Ne pouvons-nous pas concevoir, par exemple, que l’irréductibilité de deux couleurs aperçues tienne surtout à l’étroite durée où se contractent les trillions de vibrations qu’elles exécutent en un de nos instants ? » (MM, p. 338/ 227-228) ; « si notre croyance à un substrat plus ou moins homogène des qualités sensibles est fondée, ce ne peut être que par un acte qui nous ferait saisir ou deviner, dans la qualité même, quelque chose qui dépasse notre sensation, comme si cette sensation était grosse de détails soupçonnés et inaperçus. Son objectivité, c’est-à-dire ce qu’elle a de plus qu’elle ne donne, consistera précisément alors, comme nous le faisions pressentir, dans l’immense multiplicité de mouvements qu’elle exécute, en quelque sorte, à l’intérieur de sa chrysalide. Elle s’étale, immobile, en surface ; mais elle vit et vibre en profondeur. » (MM, p. 339/ 229). Puisque l’immobilité n’est que superficielle, la profondeur du mouvement, les qualités sensibles appartiennent à l’étendue concrète comme la continuité de ses ébranlements constitutifs. Les qualités sont plus réelles que les corps et n’ont pas besoin pour devenir d’un substrat corporel stable qui en soutiendrait le mouvement puisqu’elles sont elles-mêmes du mouvement.

[14] « Bref, ce qu’il y a de proprement vital dans le vieillissement est la continuation insensible, infiniment divisée, du changement de forme. » (EC, p. 510/ 19).

[15] Aristote, Physique V, 3, 225 b 5 : « toûto dè adunaton ou gar tôn upokeimenôn ti è métabolé » : « Il est impossible pour le changement d’être sujet. »

[16] L’animal aussi est capable de généraliser : « Pourtant, chez l’animal même, nous trouvons des représentations auxquelles ne manquent que la réflexion et quelque désintéressement pour être pleinement des idées générales : sinon, comment une vache qu’on emmène, s’arrêterait-elle devant un pré, n’importe lequel, simplement parce qu’il rentre dans la catégorie que nous appelons herbe ou pré ? […] Concevoir ou percevoir ainsi la généralité est d’ailleurs aussi le fait de l’homme en tant qu’il est animal, qu’il a des instincts et des besoins. », PM, p. 1296/ 55.

[17] PM, p. 1296/ 56.

[18] PM, p. 1299/ 60.

[19] PM, p. 1300/ 61.

[20] PM, p. 1301/ 62.

[21] PM, p. 1302/ 63-64.

Laisser un commentaire